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Préface de Versailles no Bara,
par Riyoko Ikeda, fin Février 1987
:
"Versailles no Bara " est une œuvre qui a été publiée, au Japon sous
forme de série dans, le magazine hebdomadaire pour jeunes filles "
Margaret " durant 82 semaines du printemps 1972 à l'automne 1973.
Ma lecture du roman " Marie-Antoinette " de Stefan Zweig m'a
fortement
marquée, et depuis, j'ai toujours eu envie de dessiner une histoire
se
passant pendant La Révolution française. J'ai peint le début de
celle-ci
dans Versailles no Bara avec force et passion malgré mon manque de
maturité dam le manga. Donc, pour moi aussi, cette œuvre est en
quelque
sorte un des symboles de ma jeunesse. A l'époque, aborder un sujet
historique dans, un shojo manga (manga pour filles) était en soi une
grande aventure. Pour la réalisation de ce projet, j'ai dû
convaincre la
rédaction qui était sceptique, en arguant que même un sujet
historique,
s'il est traité de façon drôle, et compréhensible, pouvait faire un
tabac... Et cette œuvre a connu le plus, grand succès, dans
l'histoire
des shojo mangas. En effet, il y a eu dès le début de la série, des
fan-club d'Oscar dans tout le pays, une adaptation théâtrale par la
troupe Takarazuka, un disque enregistré par les Johnny's Junior
Special ,
une adaptation au cinéma avec des tournages au château de
Versailles, et
dans de nombreuses régions de France, la parution de la série dans
un
magazine pour enfants, en Italie, une adaptation en série animée
pour la
télévision diffusée au Japon et dans tous les pays francophones, le
merchandising de nombreuse personnages, etc.... Cette œuvre a
engendré un
véritable engouement que les médias ont qualifié de boom de Verubara"
ou
de phénomène social.
La version de poche a été tirée a 12 millions d'exemplaires..
L'œuvre a
contribué à donner au shojo manga ses lettres de noblesse et à
élargir
son lectorat au-delà des jeunes filles.
Parmi les fans de l'époque, nombreuse sont ceux qui ont été
influencés
par cette série. Certains se sont orientés à l'université vers
l'histoire
occidentale ou vers la langue française, d'autres ont appris le
français
et d'autres encore ont économisé pour se rendre à Versailles et à
Paris.
et même aujourd'hui, après toutes ces années, je reçois encore des
lettres très émouvantes des fans du monde entier.
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Ces derniers temps j'ai reçu de nombreuses lettres de jeunes filles
de.
cette époque devenues maman, qui m'écrivent " ma fille est en âge de
lire
des mangas, donc je lui ai suggéré "Versailles no Bara ".
Je lis avec attention chacune de ces lettres, et je me retourne avec
nostalgie sur ma vie et sur le temps qui passe à une vitesse
fulgurante.
Je me souviens d'avoir été submergée de travail au point de devenir
tellement maigre que je devais faire des piqûres. nutritives,
d'avoir
reçu de certaines femmes des lettres injurieuses, d'être, tombée en
dépression parce que je n'avais plus d'idées, d'avoir dessiné avec
40° de
fièvre en me mettant des glaçons sur la main...
J'avais à cette époque une passion à laquelle j'étais capable de
tout
sacrifier sans aucun regret, une idée fixe qu'on ne connaît pas
plusieurs
fois dans sa vie - comme " l'explosion d'une étoile ", pour
reprendre
l'expression de Stefan Zweig —, un moment d'élévation qu'on
n'échangerait
contre rien, et aussi la jeunesse de mes 24 ans...
Au montent où la série paraissait dans les magazines de jeunes
filles,
beaucoup d'entre elles, ont recherché des livres sur la Révolution
française. ; elles ont déconcerté leur professeurs d'histoire en
demandant si Oscar était un personnage historique ; certaines, ont
pleuré
et ne sont pas allées à l'école le jour de la mort d'Oscar.
Cette fois, en réponse à la demande passionnée de la "deuxième
génération" des lecteurs, Versailles no bara a été édité par
Chuôkôronsha
en 2 volumes de collection. Pour moi, auteur de shojo mangas,
profession
méprisée il y a peu, j'ai goûté encore une fois à la joie d'en être
le
créateur.
Cette oeuvre est une fiction, même si elle fait référence à
l'Histoire.
Par souci de cohérence, j'ai modifié sciemment certaines choses.
Cependant dans la mesure du possible, j'ai essayé de rester fidèle à
la
vérité historique. Il semble néanmoins que, pour les jeunes
lecteurs, sa
compréhension ait été difficile.
De plus, la rédaction du magazine souhaitait que je termine la série
dans
les 10 épisodes qui suivent la mort d'Oscar. Certains lecteurs se
sont
plaints de la difficulté de suivre la chronologie historique, mais
je
pense avoir dessiné tous les faits importants.
J'aimerais également répondre aux questions les plus fréquemment
posées
pendant la parution de cette série. Oscar, André et la famille
Jarjayes
sont des personnages de fiction et je n'ai pas eu pour eux de
modèles
précis, à l'exception du père d'Oscar, pour qui je me suis inspirée
du
véritable générale Rénier de Jarjayes.
La relation filiale entre Rosalie et Madame de Polignac est
également une
invention. Charlotte, Alain et Girodelle sont aussi des personnages
fictifs.
Certains d'entre vous ont remarqué que Bernard Châtelet avait été
largement inspiré de Camille Desmoulins. Cependant, il n'y aucun
lien
réel entre Camille Desmoulins et le cavalier noir.
Je voudrais m'excuser également pour les uniformes de la garde
française
qui sont en fait ceux des gardes royaux. Je n'avais pas pu les
modifier à
l'époque car je n'avais pas eu la documentation dans les temps.
L'uniforme porté par Oscar date du début du XIXème siècle, de
l'époque
napoléonienne. Je l'ai choisi pour ses qualités esthétiques.
Le prénom allemand de Marie-antoinette lorsqu'elle était
archiduchesse
d'Autriche, était Maria-Antonia. Pour éviter la confusion chez les
plus
jeunes, j'ai délibérément unifié au seul prénom de Marie-Antoinette.
On dit que la
Révolution française prit fin avec l'arrivée au pouvoir de
Napoléon. Dans "Eroica", série parue dans le magazine féminin 'Fujin
Kôron", on retrouve Alain et Barnard, les survivants de "Versailles
no
Bara". Je mets en scène la deuxième partie de la Révolution
française.
C'est un projet que j'avais à coeur depuis longtemps. " |



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